Il peut être difficile de prédire de façon fiable la perte pondérale en fonction des techniques chirurgicales. Il existe un registre national établi par la SOFFCO (Société Française de Chirurgie de l’Obésité) qui est régulièrement rempli par les chirurgiens. Les résultats de ce registre rapporte des moyennes pour chaque technique. Il s’agit évidemment de moyennes qui ne peuvent prédire l’évolution individuelle de chaque patient.
Nous avons également des études (telle que la SOS study) qui nous apporte des informations sur l’évolution de la courbe de pourcentage de perte de poids avec un recul de 15 ans (expliquant pourquoi la sleeve n’y apparait pas).
Pour les techniques de la Haute Autorité de Santé, en moyenne :
L’anneau fait perdre 40 à 60 % de l’excès de poids ce qui correspond à 20 à 30 kg avec un recul de 10ans.
La sleeve de 45 à 65% ce qui correspond à 25 à 35 kg. Signalons que nous avons moins de recul sur les données de la sleeve.
Le bypass de 70 à 75% ce qui correspond à 35 à 40kg avec un recul de 20ans.
La dérivation bilio-pancréatique de 75 à 80% soit 60 à 65kg avec un recul de 25 ans.
Ces résultats bien que scientifiques et en grande partie pertinents ne s’expriment malheureusement que sous la forme d’une perte pondérale ou de pourcentage de perte de poids. Comme nous l’expliquons dans le chapitre correspondant, résumer l’obésité à un poids est loin d’être optimal. Juger de l’efficacité d’une chirurgie sur ce seul critère ne parait donc pas être le seul axe de réflexion.
La perte de poids (ou plutôt de masse grasse entraînant des inconvénients pour la santé) dépend de nombreux éléments :
- Du degré d’obésité : évidemment l’importance de la perte de poids sera influencée par l’IMC de départ. Plus ce dernier est élevé, plus la perte de poids pourrait être élevée.
- De l’ancienneté de l’obésité : plus l’obésité est ancienne, plus le tissu adipeux (graisse) a tendance à résister à la perte de poids car fibrosé et inflammatoire.
- Du nombre de régimes effectués : plus le patient a effectué de régimes plus son organisme a tendance à résister à la perte de poids. En effet les multiples régimes restrictifs dérégulent le métabolisme (cf atelier sur les régimes amaigrissants) qui résistera de plus en plus à la perte de poids.
- Du profil de l’obésité : une obésité androïde (abdominale) perdra en moyenne plus rapidement qu’une obésité gynoïde (hanche).
- De l’antécédent de chirurgie de l’obésité : nous sommes de plus en plus souvent confrontés à des chirurgies de seconde intention ou de « rattrapage ». Un patient en reprise pondérale après une première chirurgie peut bénéficier d’une nouvelle chirurgie dans certaines conditions. Cette seconde, ou parfois troisième intention, a pour objectif d’éviter le rebond pondéral parfois observé. A titre d’exemple : un patient perd 40 kg avec un anneau, cet anneau doit être retiré, le patient reprend du poids rapidement (rebond), la chirurgie sera éventuellement proposée avant que le patient ait repris 40 – 50 ou 60kg (rebond), si le patient bénéficie de la chirurgie alors qu’il a repris 10kg il ne reperdra pas de nouveau 40kg mais peut-être 10kg. L’objectif est donc de bloquer ce rebond.
- Du suivi : c’est logiquement l’élément déterminant de la perte de poids. Toutes les études rendent facilement compte que la reprise pondérale parfois constatée débute lorsque le suivi s’érode avec le temps. Ce qui fait de la chirurgie bariatrique une réussite sur le long terme est le travail sur le comportement alimentaire. Ce travail étant effectué sur long terme, en théorie à vie. Négliger ce suivi, même en phase précoce où tout semble « parfait », est une erreur dont les patients ne prennent conscience que malheureusement de manière tardive.
Plus d’infos sur la nutrition, l’obésité, la chirurgie bariatrique et leur prise en charge
Dr Cyril GAUTHIER