Le développement de la chirurgie de l’obésité sur les 10 dernières années est important. Actuellement nous estimons à 4-5% les patients obèses qui en bénéficient. Ce chiffre passera probablement à 8% dans les 10 années à venir. La prise en charge de l’obésité est complexe et il n’existe à l’heure actuelle aucune ressource médicamenteuse. Le recours à la chirurgie augmente donc logiquement car il s’agit dans certaines situations d’une très bonne aide à une perte de poids durable. Néanmoins le geste chirurgical ne fait pas tout, le travail sur le comportement alimentaire est indispensable pour faire des interventions de véritables réussites médicales.
La France est un pays où la chirurgie de l’obésité se pratique depuis longtemps, les chirurgiens français sont donc expérimentés.
Devant le nombre croissant de chirurgies bariatriques depuis la fin des années 1990, la HAS (Haute Autorité de Santé) a établi des critères depuis 2006 (actualisés en 2009) pour pouvoir bénéficier d’une chirurgie bariatrique :
Avoir un IMC ≥ 40kg/m²
Avoir un IMC ≥ 35kg/m² associé à une comorbidité liée à l’obésité que la perte de poids pourrait améliorer (apnée du sommeil, diabète de type 2, atteintes ostéoarticulaires, stéatose hépatique, hypertension artérielle, syndrome restrictif respiratoire…)
Distribution des IMC des patients opérés en France d’une chirurgie
bariatrique entre 2007 et 2012
Distribution des IMC des patients opérés en France d’une chirurgie
bariatrique entre 2007 et 2012
Théoriquement le patient doit avoir plus de 18 ans et moins de 65 ans même si en pratique cette fourchette d’âge peut être discutée lors des réunions de concertations pluridisciplinaires (RCP) où les décisions sont prises en tenant compte des bénéfices et des risques de chaque intervention. Il est parfois décidé d’opérer des patients mineurs ou de plus de 65 ans si tous les professionnels sont d’accord sur le bénéfice de l’intervention (balance bénéfice/risque). Ce raisonnement est médicale et se pratique dans de nombreuses pathologies comme en cancérologie où existent depuis de nombreuses années des RCP.
Le patient doit avoir eu une véritable prise en charge nutritionnelle (médicale, diététique, psychothérapeutique) pendant 6 à 12 mois avant de pouvoir prétendre à l’intervention. Nous ne parlons pas ici de « régimes » qui ne sont pas considérés comme de véritables prises en charge nutritionnelle. Par exemple, une personne qui a effectué un régime restrictif, hyperprotéiné ou autres régimes farfelus pendant quelques mois n’est pas censée pouvoir bénéficier de cette chirurgie. Ceci s’explique simplement par le fait que la grande majorité des régimes commerciaux ne tiennent pas compte du patient dans sa globalité, qu’ils sont quasiment toujours source d’échec, qu’ils ne s’intéressent pas au comportement alimentaire en oubliant les facteurs liés à l’obésité ainsi que l’ensemble du système de régulation de la prise alimentaire.
Pour pouvoir bénéficier de cette chirurgie, qui peut être une véritable aide, le patient doit avoir effectué un travail de fond sur le comportement alimentaire afin d’optimiser l’intervention et surtout de faire en sorte que les résultats persistent le plus longtemps possible.
Cette phase de préparation, souvent mal comprise par les patients (vécue comme une évaluation, un examen et parfois un jugement de valeurs), doit permettre de préparer au mieux le patient à l’intervention qui va induire beaucoup de changements dans sa vie.
Le patient doit avoir compris le mécanisme de chaque technique, l’impact sur son alimentation et sa vie de manière générale tout en étant d’accord pour effectuer un suivi médico-chirurgical sur le long terme. Notre pratique et notre expérience nous incitent à préciser que ce suivi doit être à vie afin de prévenir certaines complications ainsi que la possibilité d’un reprise pondéral. Il est prouvé que si le suivi est effectué correctement par des professionnels, la perte de poids sera plus intéressante sur le long terme tout comme la qualité de vie sera meilleure. Malheureusement, les derniers chiffres de l’assurance maladie retrouvent que seulement 14% des personnes opérées ont un suivi spécialisé à 5 ans…
Plus d’infos sur la nutrition, l’obésité, la chirurgie bariatrique et leur prise en charge
Dr Cyril GAUTHIER