Il ne s’agit pas d’une prise en charge mais d’une expertise afin de juger de la pertinence de l’intervention. Ce « parcours du combattant » comme le nomment certains patients est en réalité un enchaînement de consultations effectuées par divers professionnels. L’objectif principal est de proposer une prise en charge globale sans laquelle l’intervention risque de se solder par des difficultés après quelques années.
L’évaluation nutritionnelle est effectuée par un médecin formé en nutrition (nutritionniste avec DESC de nutrition ; endocrinologue …). Si possible une évaluation faite par une diététicienne complète la consultation médicale. Le but est d’évaluer le comportement alimentaire pour juger de la compatibilité avec la chirurgie bariatrique, de débuter un travail sur ce dernier et de proposer la technique la plus adaptée. Durant ces consultations, le patient sera également informé des différentes modifications alimentaires après l’intervention et sera sensibilisé sur l’importance du suivi nutritionnel post opératoire.
L’évaluation psychologique est faite par un psychiatre et/ou psychologue. Les objectifs sont : d’éliminer des contres indications à la chirurgie, d’évaluer le rapport à l’alimentation et de préparer le patient aux changements multiples (et souvent négligés) après chirurgie.
Les consultations avec cardiologues, pneumologues et anesthésistes jugeront de l’opérabilité du patient.
Une fibroscopie gastrique, réalisée par un gastro-entérologue, complétera le bilan et recherchera la présence d’une bactérie parfois présente au niveau de l’estomac (Helicobacter Pylori) qu’il est impératif d’éradiquer avant l’intervention si elle est présente.
Une consultation avec un dentiste pourra être nécessaire afin de juger de l’état buccodentaire et la cas échéant débuter des soins afin que la mastication (phase primordiale en post opératoire) puisse se faire dans de bonnes conditions. Plus simplement : nous vous demandons de mastiquer longuement après l’intervention, si l’état dentaire ne le permet pas il va se poser logiquement un problème lors des phases de réalimentation.
Enfin, chez les femmes en âge d’avoir une grossesse, il est impératif de consulter son gynécologue afin de l’informer de la démarche de chirurgie de l’obésité. Il est nécessaire d’éviter une grossesse au minimum dans les 18 mois qui suivent l’intervention, dans l’idéal tant que le poids n’est pas stabilisé. La contraception doit donc être efficace et adaptée à la technique chirurgicale envisagée. Classiquement, l’obésité s’accompagne d’une hypofertilité qui diminue très rapidement les premiers mois après chirurgie. Il est donc nécessaire de prendre les devants. Les risques d’une grossesse trop rapide sont majeurs : risque pour le fœtus (carences graves et malformations), pour la future mère (carences, dénutrition, vomissements), pour la perte de poids (une grossesse dans les suites immédiates d’une chirurgie bariatrique a un impact important sur la perte de poids finale).
L’EMNO en partenariat avec Hôpital Privé Dijon Bourgogne et l’ARS Bourgogne Franche Comté a mis en place une évaluation nutritionnelle complète. Sur le même site, le patient pourra consulter médecin, infirmière, psychologue, diététicienne dans le cadre d’un parcours thérapeutique global.
Ces évaluations sont nécessaires et indispensables pour juger au mieux de la pertinence et du bienfondé de la chirurgie bariatrique tout en préparant au geste chirurgical et aux changements à anticiper un minimum. Avoir une vision réductrice de la chirurgie « bistouri magique » et négliger le travail à effectuer avant comme après sera malheureusement source de complications et d’échecs.
Après ce parcours qui peut prendre plusieurs mois, l’ensemble des professionnels se réunit en RCP (Réunion de Concertation Pluridisciplinaire) afin de décider de la pertinence de chaque intervention chirurgicale. Ainsi la décision ou non-décision d’opérer le patient est prise collégialement dans le respect des recommandations de l’HAS.
Plus d’infos sur la nutrition, l’obésité, la chirurgie bariatrique et leur prise en charge
Dr Cyril GAUTHIER